lundi 23 janvier 2017

Compte-rendu - La fuite de Dame Irimë 5

Participants : Greg (Fareth le Dunedain), Maxime (Caranthir l'elfe), Camille (Torik le nain) et Lise (Brunhild femme des bois) / Lieu : Roll20 / Date : 23/01/17 / Partie 15


Automne 2946

La compagnie enfermée dans la cellule regarde éberluée l'ombre verte étrangler Rodwen et les invectiver "reniez Irimë, vous n'êtes que des pions à ses yeux !". Brunhild se jette alors sur l'ombre, la créature est suffisamment matérielle pour tenter de desserrer ses serres agrippées au cou de la jeune elfe, Torik à son tour porte assistance à Rodwen, l'ombre lâche prise et flotte au plafond. Une fureur terrible fait palpiter son corps éthéré.

Alors que Brunhild, Torik, Fareth, Cendre, Haleth et Aldor résistent à la tentation de l'ombre, Caranthir enfermé dans une cellule voisine colle son oreille à la porte. Des orques se battent à l'extérieur de la cellule. Ils se tournent vers ses compagnons d'infortune, cinq enfants dont le plus jeune a tout au plus sept ans, "reculez, plaquez vous sur le mur du fond !". Le lourd loquet qui barre la porte est en train de glisser, les orques arrivent.
Caranthir répète mentalement son prochain mouvement, agripper fermement le visage, écraser les yeux si possible, une torsion brutale pour briser les cervicales et enfin la liberté. La porte s'ouvre, une ombre massive se dessine lentement, un orque à n'en pas douter. L'ouverture est suffisante, les doigts de l'elfe jaillissent comme des javelots, le mouvement est fulgurant, sa détermination est telle qu'un de ses doigts s'enfonce profondément dans l'orbite ennemie, une prise parfaite, s'aidant de tout son corps il brise la nuque de la créature, le feu l'envahit "au suivant !". Mais le couloir est silencieux, il regarde le corps... son sang se fige... Béran ! Le corps sans vie, effondré à ses pieds finit de se vider de ses tripes, le guerrier agonisait, sa blessure au ventre était mortelle mais il avait trouvé la force dans un dernier geste de le libérer... "Mon ami...".

Mais l'heure n'est pas au lamentation, l'elfe enjambe le corps encombrant du béornide, s'essuie rapidement les pieds sur la veste en poils d'ours et passe la porte. Dans le couloir deux corps d'orques témoignent du dernier combat de Béran. Caranthir entend ses compagnons dans la cellule voisine, la porte n'est pas munit d'une serrure mais fermée par une simple barre de fer. Se méfiant d'un mouvement précipité il frappe à la porte avant d'ouvrir "C'est Caranthir, je vous ouvre.".

La compagnie est reformée, mais deux de ses membres sont morts, Lifstan et maintenant Béran. Alors que Fareth, Torik et Caranthir fouillent les cellules proches Brunhild s'occupe d'Aldor. Les soins semblent commencer à faire effet. Au fond du couloir les explorateurs trouvent une salle de torture, sur un chevalet au centre de la pièce le corps de Cendre, froid et sans vie. "Cendre a survécu à son emprisonnement à Dol Guldur, elle fut libérée lorsque le Conseil Blanc chassa le Nécromancien. C'est la preuve que tout ceci n'est qu'un rêve, ou un sortilège, nous ne sommes pas dans le passé !" s'exclame Caranthir, "ou alors la Cendre que l'on connait n'est pas Cendre" murmure Torik. Décidant de garder le silence sur cette découverte ils rejoignent Brunhild et le reste du groupe. Sur les corps des orques ils récupèrent deux lames courbes de mauvaises factures.

Il est temps de se mettre en route, Brunhild insiste "Nous n'abandonnons personne, Torik, Fareth, aidez Aldor à marcher", dans le silence du couloir les pleurs des deux plus jeunes enfants résonnent. Cette évasion ne s'annonce pas sous les meilleurs hospices. Le couloir se termine sur un nouveau couloir perpendiculaire, à droite une porte entrebâillée laisse s'échapper une bruyante conversation dans la langue maudite des orques. La lueur des torches à l'intérieur de la pièce peinent à éclairer le couloir qui s'enfoncent dans les ténèbres. Passer discrètement devant cette porte avec Aldor et les enfants relèveraient de l'exploit, à la moindre maladresse une troupe d'orque entraînée, équipée, confiante et sur son terrain mettrait fin à leurs espoirs. Maigres espoirs...



Torik perçoit que le couloir de gauche semble légèrement monter alors que celui de droite descend. Lorsque que les orques l'avaient trainé dans l'arène du Troll, sa tête était couverte d'un sac mais il est sûr qu'il avait pris le couloir de droite. Le groupe est indécis mais finit par prendre le chemin de gauche. Le couloir monte désormais plus nettement et vire sur la droite, après plusieurs centaines de mètres les yeux de Caranthir perçoivent une lueur devant eux. Une porte entrouverte derrière laquelle on devine des bruits de conversation. Caranthir s'approche, avec peine il reconnait le langage des nains, des nains libres à Dol Guldur !

Torik, quelques peu poussé par ses compagnons décide d'entrer seul, autour d'une table ovale, huit nains sont occupés à manger. Leurs regards se tournent vers l'intrus et le silence s'installe. Sur la table des quartiers de viande étrange, en laissant son imagination vagabonder un peu Torik semble y deviner des morceaux humains mais l'heure n'est pas aux élucubrations. Les nains le regardent sans dire un mot, leur yeux semblent avoir perdus la flamme de la vie ou alors ils ne reflètent que la folie. Le nain qui occupe la place centrale, traditionnellement réservée au chef se lève. Ses yeux sont infiniment tristes, sa chevelure sale et hirsute, sa veste de cuir ornée du sceau de la famille de Torik est tâchée de vin et de reste de nourriture. En se levant il a ramassé son arme, un bigot massif dont la lame semble avoir été sculptée dans la dent d'un dragon. Orgmund, le décapiteur, le nain se souviens avoir lu un passage sur cette arme dans les chroniques de sa famille.

Et voila le secret inavouable qui hante les siens, ses aïeux avaient rejoint l'Ombre, le symbole de sa famille était au service du Nécromancien. L'incrédulité et la honte le submerge.



Malgré cette découverte Torik se présente comme appartenant à leur clan, s'ensuit une longue discussion où il tente de les rallier à la cause des prisonniers mais rien n'y fait. Les nains sont sous l'emprise d'un "des quatre", ils sont les gardiens de la porte noire ornée de sculpture qui se trouve de l'autre côté de la pièce. Malgré son insistance Torik, épaulé maintenant de Cendre n'arrive pas à tirer les vers du nez de ces sombres créatures. 
"Qui a-t-il derrière la porte ? Cela dépend de ce que vous cherchez mais vous pouvez y trouver la mort, la liberté ou la folie."
"N'avez vous pas honte de ce que vous êtes devenu ? La puissance des quatre est sans commune mesure avec ce que vous connaissez, il nous tient en son pouvoir et nul ne peut nous en libérer !"
Au fil des minutes la conversation tourne au vinaigre, la tension monte et le chef coupe court à la négociation "nous gardons la porte et nous ne vous laisserons la franchir à aucun prix ! Parce que vous venez aussi du Mont Solitaire nous vous laissons la vie mais quittez ces lieux maintenant."

Torik abattu retourne dans le couloir, en refermant la porte il plonge ses compagnons dans l'obscurité totale. Leurs sens sont troublés puis la lumière de l'aube perce doucement derrière leurs paupières. Voici l'heure de la dernière épreuve, l'aube décidera qui de Dame Irimë ou de l'Ombre sortira vainqueur du combat, les compagnons comprennent que tout ce qu'ils ont vécu dans ce rêve faisait parti du combat.

Il reste un jet à réussir (une difficulté de 12) rien d'insurmontable mais un échec serait catastrophique. Caranthir fut le premier engagé dans cette lutte lorsqu'il se porta au secours de Cendre et Dame Irimë assaillit par un Nécromancien, la cavalcade nocturne sous les coups des ombres-araignées, puis vint Sanctepierre et son miroir de pierre, la rencontre de Valders et Béorn sous le signe de la folie des têtes et la trahison du guerrier venu de l'est. La bataille du vieux gué puis la longue marche dans les terres sauvages poursuivit par des chasseurs orques, l'assaut de la horde gobelines et l'intervention des grands Aigles. La chute de Combefoin et les geôles de Dol Guldur, un enchaînement ininterrompu de combats, de fuites, de courses, de pièges et de coups du sort qui allait se résoudre maintenant, un seul jet de dés.

Brunhild prend ses responsabilités, elle est la plus sage des compagnons, les dés roulent, mais à ce moment crucial la lumière semble s'éteindre, le résultat tombe 8, pas assez !
"Mon coeur est vaillant, les miens luttent pieds à pieds depuis des siècles sous les frondaisons de ténèbres. Je sais que l'espoir réside sous les feuilles mortes, Hommes des bois levez-vous ! Compagnons, prêtez-moi vos forces !" Aidez par l'espoir des siens Brunhild plonge au plus profond d'elle (5 de coeur) et surpasse d'un cheveu l'ultime épreuve.
Tous prennent alors conscience que le moindre faux-pas dans les geôles aurait signifié l'échec, si Fareth alors que l'ombre les entourait n'avait pas chanté dans la cellule, si Torik ne s'était pas levé pour prendre la place du jeune Haleth dans l'arène ou si Brunhild n'avait pas eut ce dévouement sans faille pour le vieil Aldor l'épreuve finale aurait été insurmontable.

L'aube se lève, les compagnons ouvrent les yeux au Haut Col, là où la veille au soir ils s'étaient endormis. Ils voient Irimë qui se découpe sur le soleil levant. Une monstruosité obscure semble suspendue dans les airs et la frappe au moyen de griffes d'ombre, mais elle n'a pas peur. Elle lève la main et c'est comme si l'aube se mettait à étinceler au bout de ses doigts. L'esprit geint et disparait alors que le jour se lève sur les Terres Sauvages. Incrédules les compagnons assistent à la scène, Lifstan et Béran sont là également, bien vivants...

Au petit jour, un groupe de voyageurs approche de l'ouest, les fils d'Elrond, Elladan et Elrohir en personne viennent à leur secours, ils ont senti la menace de l'ombre et sont venus à bride abattue. Mais Irimë les rassure, "Un esprit maléfique nous a attaqués dans la nuit, sans doute un fantôme de Dol Guldur. Il a tenté de nous anéantir..." Souriant aux compagnons pour la première fois depuis leur rencontre "Mais il semblerait qu'une flamme brûle encore dans le coeur des Peuples Libres. Ces compagnons m'ont aidé alors que tout semblait perdu.
Je vous en prie amis, allez voir Radagast et racontez lui ce que vous avez vu. L'esprit a été repoussé, mais non détruit. Je ne pensais pas que de tels maux hantaient encore cet âge du monde, mais je me trompais. Les ténèbres s'approchent, j'en ai peur, et je n'ai plus la force de combattre. Je m'en vais dans l'Ouest, mais je vous offre ma bénédiction, vous êtes désormais amis des elfes et toutes les créatures bienveillantes, qu'elles soient oiseaux ou animaux verront en vous des amis de tous les elfes et des ennemis de l'Ombre".

Puis les fils d'Elrond emmène la haut-elfe et quittent les ruines de Combefoin... Alors que les compagnons encore abasourdis ramassent leurs affaires pour reprendre le chemin de l'est un souvenir revient à Brunhild... Aldor, agonisant dans sa cellule lui a parlé d'un trésor qu'il cachait dans sa cave. Les yeux de Torik s'éclairent, un trésor enterré ! Foi de nain ! Quelques minutes d'inspection du terrain lui permettent de déterminer l'emplacement de l'auberge, il ne reste que quelques moignons de pierre mais c'est plus qu'assez à un maître explorateur pour retrouver l'emplacement de la grande place et de l'auberge de la Chèvre qui Choit.

Une journée de dur labeur permet au groupe de mettre à jour l'entrée de la cave et d'extraire d'une cache murale un véritable trésor (40 points de trésor) et au milieu des bijoux du sud et des pierres précieuses un bandeau d'argent gravé des runes d'Ouistrenesse, un trésor de Numénor, le légendaire empire des hommes. Un objet magique à n'en pas douter, ultime souvenir des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants de Combefoin qui auront péri dans les geôles de Dol Guldur. Comment Aldor avait un tel trésor en sa possession ? Cela restera probablement un mystère.

Les compagnons prennent alors la direction de Rosgobel et après plusieurs jours rejoignent Radagast, ils leur faudra plusieurs semaines pour venir à bout de toutes les questions qui les assaillent et pour se remettre de cet assaut virulent des forces de l'Ombre contre Dame Irimë. Elle est parti mais elle n'est pas tombée, nos héros n'en mesurent pas encore totalement les conséquences mais c'est un rude coup porté contre les desseins de l'Ennemi. 

L'hiver tombe sur la forêt noire, un vent froid se lève de l'est faisant gémir les arbres alentours, mais Radagast sourit.