Participants : Greg (Lifstan le bardide), Antho (Béran le béornide), Camille (Torik le nain) / Lieu : Roll20 / Date : 02/02/16
Printemps 2946
La nuit se passe sans incident, dans la ferme fortifiée du
vieux gué, leur nouveau statut de "Thane de Beorn", même s'il est
temporaire leur ouvre toutes les portes, les béornides leur font bon accueil et
les questionnent avec courtoisie sur leurs aventures passées. Au petit matin
cependant Caranthir a disparu... un mot tracé de sa main apporte plus de
questions que de réponses "Je dois l'avertir d'un grand danger ou le peu
de rêves qui lui restent partiront en Cendre"...
Après avoir partagé un dernier repas avec les gardes du
vieux gué, les compagnons reprennent la route vers le sud, les poneys du
changeur de peau, merveilleuses montures à l'intelligence quasi-humaine,
soulagent leurs cavaliers de bien des fatigues habituelles, même Torik se
surprend à apprécier ce moyen de transport.
La traque
Béran traque le moindre signe du fugitif, sa trace est
visible, il est passé il y a plus d'une semaine mais sans précautions
particulières. Sa piste descend le long de l'Anduin, suivant la vieille route.
En milieu de matinée les traces les mènent dans une ferme qui longe la route.
Une tentative d'approche discrète échoue, le chien de la maison les repère et
alerte ses maîtres. Un vieil homme amical les accueille, un jeune béornide a
bien passé une nuit dans la ferme il y a plus d'une semaine mais il ne
ressemblait pas à un fuyard. Il possédait une magnifique épée et semblait
savoir s'en servir, était blond, les cheveux sur les épaules et habillé à la
mode locale. L'homme est resté laconique sur son voyage mais a laissé une belle
pièce d'argent pour remercier ses hôtes d'un soir.
La troupe repart vers le sud, après une brève collation ils
rencontrent trois hommes des bois qui disent se rendre à Castel-Pic pour
acheter du fer. Ils sont parti de Pierregué le matin même et y ont entendu une
sordide histoire, un homme aurait surpris sa femme au lit avec un autre homme,
une bagarre s'en est suivi et le cocu aurait perdu la vie. Le village ne parle
que de ça, l'ambiance y est morose et les étrangers n'y sont pas bien accueillis.
Une macabre découverte... encore
Une heure de route plus tard Lifstan détecte des traces de
fumée, en s'approchant les compagnons s'aperçoivent qu'il s'agit d'une cahute
de pierre qui vient d'être attaqué. Des cadavres de chèvres sont éparpillés sur
la route, deux murs sont éventrés et le toit de chaume s'est effondré. Un
spectacle de désolation trace d'une colère aveugle, d'une méchanceté sans
limite et d'une puissance effrayante.
Lifstan jette un coup d'œil à Torik, le nain relève
légèrement son capuchon, son visage se durcit, ses sourcils se froncent, ses
phalanges blanchies sur le manche de sa hanche semblaient animées d'une vie
propre. La réaction du nain confirme ses premiers doutes, c'est l'œuvre d'un
Troll !
D'un bond Torik saute de son poney et alors que ses pieds
n'ont pas touché terre son bouclier est déjà ajustée sur son bras, l'agilité du
nain est parfois prodigieuse ! La hache en avant il entre dans les ruines
encore fumantes. Chacun de ses mouvements transpire la colère qui habite le fils
de Durin mais aucun bruit ne vient troubler le murmure du fleuve, le Troll a
quitté les lieux. Torik découvre le cadavre du chevrier écrasé dans la pièce
unique ; un bras dévoré. Le nain n'a besoin que d'un instant pour découvrir une
cachette contenant les économies de l'homme, une bourse où le béornide avait
épargné en cas de coup dur et un médaillon étrange. Maître joaillier, Torik se
rend compte qu'il est d'origine elfique, forgé en Ithildin, une œuvre d'art
représentant une elfe, dans une forêt bordée de joncs. Un bijou digne d'une
reine, un trésor dont la valeur dépassait de beaucoup tous les objets que l'on
pouvait trouver dans un village béornide... étonnant.
Béran se crispe alors, depuis plusieurs minutes son instinct
lui hurle que le danger est proche, que quelques choses se passe, qu'il faut
bouger, tout de suite, il ressemble les compagnons et leur fait reprendre la
route. Après une heure la troupe arrive au pied d'une colline, surmontée, comme
nombre de collines de la région, des ruines d'une ancienne tour de guet.
Derrière la colline des dizaines de hurlements humains. Les poneys les mènent
rapidement au sommet du mouvement de terrain d'où ils peuvent observer un
spectacle effrayant. Un Troll des collines, un monstre haut comme deux hommes et
lourd comme quatre attaque le village en contrebas. Plusieurs corps jonchent
déjà la passerelle qui mène aux habitations et les défenseurs semblent
totalement dépassés.
Un combat légendaire
Longeant la rivière Torik se poste alors entre deux
bâtiments pour attirer le monstre dans un endroit où son allonge sera moindre,
Béran contourne le Troll pour l'attaquer par derrière et Lifstan se poste en
soutien de Torik. Ses compagnons en place Torik enfile son heaume, il sent la
masse d'acier et d'airain sur ses épaules et le regard de chacun de ses
ancêtres posé sur lui. Il sent la colère se concentrer dans son ventre, la
laisse envahir son corps, son visage se colle à la paroi de métal. Une force
insensée l'envahit et du fond de sa gorge monte le cri de guerre de sa famille,
une avalanche de sons gutturaux promettant cent plaies et milles insanités aux
ennemis des siens, ces saloperies de Trolls ! Le cri rebondit contre les
collines environnante et résonne dans le crâne du monstre comme un défi
impossible à ignorer, plus vite qu'il n'était imaginable le monstre est sur le
nain, aiguillonné par la haine du Heaume il se jette de toute ses forces dans
une charge féroce.
Surpris par la fureur du monstre, Torik manque de succomber
à la première charge, le lourd marteau le frappe de plein fouet, une boule de
sang franchie ses lèvre, il recule d'un bon mètre. Son armure le sauve de
justesse, moins bien ajustée, moins bien entretenue et sa chair aurait été
meurtrie pour des semaines. Voyant le nain en difficulté Béran charge sans
hésiter, frappe le monstre de dos. Le combat devient chaotique, le Troll
furieux cherche à écraser, mordre, démembrer et éventrer Torik et son heaume
maudit, ce visage qui lui promet souffrances et mort. Lifstan et Béran frappent
de concert cherchant le bon angle pour percer la cuirasse naturelle de la
maudite créature mais rien n'y fait, à peine semble-il sentir les coups. Torik
commence à fatiguer, il recule à nouveau devant un coup monstrueux, le combat
prend une mauvaise tournure.
La fureur s'empare à son tour de Lifstan, venue de son
passé, son mentor, son maître d'arme lui hurle de s'engager, de lâcher prise et
de vivre le combat comme si chaque coup était le dernier. Oubliant toute
prudence il se jette alors dans le combat sans plus se soucier de sa propre
vie, lâche son bouclier, grimpe sur le toit de la maison proche et se jette
dans le vide l'épée brandit... la lame frappe la tête du monstre et finit sa
course profondément enfoncée dans l'épaule du Troll, tranchant muscles et
tendons. Béran de son côté n'est pas en reste, s'aidant de tout son corps en
rotation il frappe de sa hache les jambes monstrueuses, le sang noir jaillit
dans un hurlement de haine. Dans un réflexe insensé, balançant son marteau vers
l'arrière la créature le frappe en retour. De son côté le nain rend coup pour
coup avec l'énergie du désespoir.
Dans un dernier élan Lifstan s'élève dans les airs, prenant
appui sur une borne gravée souvenir d'une ancienne bataille, d'un coup
magistral il frappe le Troll à la base du cou, ayant lâché ses dernières forces
dans cet assaut il roule sur le sol. Les yeux fermés et les deux genoux au sol
il reste plusieurs secondes à reprendre ses esprits, sa lame vient de trancher
la tête, il l'a senti, il en est persuadé. Il ouvre lentement les yeux et
regarde Torik. Le nain enlève son heaume et sourit "pas mal
garçon"... comment un être vivant peut être encore debout après avoir
passé plusieurs minutes à encaisser la fureur d'un Troll adulte ? Lifstan vient
de voir le lourd marteau déformer l'armure du nain, des coups à assommer un bœuf,
des coups mortels pour tout autre que lui pense-t-il. Béran l'attrape par
l'épaule et le force à se relever "on nous regarde Lifstan". Derrière
eux les villageois osent enfin s'approcher...
Alors que les habitants s'occupent des leurs tombés au
combat, trois personnages s'approchent du groupe.
Un vieillard qui parle dans sa barbe se présente sous le nom
de Hartwulf (ou Hartwol ou peut-être Haurtwu ? sa voix chevrotante rend ses
paroles difficile à comprendre), Ava une jeune femme grande et sèche qui ferait
baisser les yeux à de nombreux vétérans prend en main la discussion. Dans son
ombre se tient un guerrier qui semble nerveux.
Ava s'adresse à Béran, le béornide du groupe, "Merci
seigneur, merci à vous et à vos amis, vous avez sauvé de nombreuses vies
aujourd'hui. Une borne sacrée sera gravée pour conter cet exploit et votre
bravoure sera encore chantée par l'arrière-petite-fille de mon arrière-petite-fille."
Une discussion s'engage où les personnages apprennent qu'un
homme du nom d'Odéric a tué son beau-frère Rathfic, marié à sa sœur Brunhild.
Un fratricide, un crime punit de mort sur les terres de Beorn. Odéric n'a pas
résisté après son crime, il fut remis à Mérovée et Odo, deux thanes chargés de
le présenter à Beorn en personne. Lorsqu'ils apprennent qu'Odéric s'est échappé
et qu'il doit être revenu au village les trois habitants semblent surpris, le
guerrier du groupe jette des coups d'œil aux alentours comme si le fugitif
allait surgir de derrière un buisson.
A leur demande Ava les conduit à la maison d'Helmgut, le
père d'Odéric. Ce dernier est allongé sur une paillasse, une hache dans une
main, une outre de vin dans l'autre il fixe le plafond sans bouger. A la
première question le vieux guerrier rabroue nos héros et les menace de sa
hache, les nouvelles de la fuite d'Odéric l'indiffère, l'attaque du Troll l'indiffère,
visiblement l'Espoir l'a abandonné. Torik bourre alors une pipe et s'asseyant à
côté du vieil l'homme lui allume, Helmgut accepte ce geste d'amitié et après
avoir apprécié les arômes de la feuille de Langoulet lui raconte sa version de
l'histoire.
"J'ai entendu la petite hurler, j'y suis allé ma hache à
la main. Odéric se tenait au-dessus du corps de Rathfic. J'ai frappé la main d'Odéric
du plat de ma hache pour qu'il lâche le poignard ensanglanté. J'ai adopté Odéric,
je lui ai donné une famille, j'ai tout fait pour élever cet enfant mais il a
toujours été colérique. Et aujourd'hui c'est un meurtrier, mon beau-fils est
mort et ma fille ne veut plus m'adresser la parole."
Les compagnons laissent le vieil homme à sa peine et se font
conduire à la maison de la veuve, Brunhild, par une paysanne du village.
Lifstan entre seul pendant que Torik missionne un jeune homme du village pour
porter à Cendre le médaillon elfique en Ithildin trouvé dans la ferme détruite
par le Troll. Lifstan quand à lui envoi Evoric raconter en détail leur chasse
depuis le départ de Rosghobel à Radagast.
La discussion avec la veuve s'engage mal également, aucune
approche ne semble fonctionner, à la Courtoisie Brunhild réponds par la
froideur, à la Présence par l'indifférence et à la Persuasion par le mépris...
Lifstan, qui rappelons le vient de décapiter un Troll n'est pas décider à se
laisser mener en bateau par la jeune femme, ses réponses laconiques sonnent
comme des mensonges et ses évitements comme des insultes à sa perspicacité. Il
se met en colère ! Il s'énerve "Arrête de mentir, tu peux y laisser ta
tête ! et celle de ton père !!! et si Beorn est vraiment énervé il peut lui
même venir cramer ton putain de village !!!!!"
Brunhild s'effondre alors et raconte ce qu'elle a vu ce soir-là.
"Odéric est venu me dire qu'il en avait assez du village et qu'il partait,
il m'a demandé de l'accompagner mais j'hésitais. Rathfic est rentré et les deux
hommes se sont disputés, j'ai tenté de les arrêter mais Rathfic m'a frappé au
visage et je me suis retrouvée au sol. Odéric a cherché à me défendre, ils se
sont battus, je ne sais pas lequel a sorti un poignard mais l'arme a fini dans
la poitrine de Rathfic. J'ai hurlé et mon père est arrivé."
Lifstan décidé à pousser son avantage "et où est ton
frère désormais ?"
"Il a passé l'Anduin vers l'ouest, je pense que jamais
il ne reviendra."
Lifstan rejoint alors ses compagnons dans la maison que leur
ont attribuée les villageois, la demeure désormais vide d'Odéric.
Une discussion s'engage sur la conduite à tenir. Béran pense
que leur mission est finie, le fratricide a quitté les terres des béornides, à
quoi bon lui donner la chasse ? Lifstan évoque l'idée qu'il est peut-être temps
de discuter avec Radagast des récents évènements : les migrations des orques, les attaques de Troll en plein
jour. Torik est retenu par l'idée que rendre un service à Beorn pourrait leur
valoir une faveur à l'avenir. Et dans le silence qui s'en suit certains se
demande finalement où est bien passé Caranthir... l'elfe a-t-il abandonné
l'Espoir d'unir les peuples libres, l'Ombre aurait-t-elle trouvé le chemin de
son cœur et lui aurait fait baisser les bras ?
Torik clôt la réflexion, "et moi qui commençais à me
demander s'il n'était pas différent des autres elfes... au lit mes amis la
clarté du jour porte conseil".
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